dimanche 13 octobre 2013

Vis ma vie de petite marchande dans le désert australien


Désolée pour le retard de ce nouvel article. En effet, mon mode de vie étant assez radical, il m’a fallu un peu de réflexion pour tout mettre à plat. Mais malgré l’isolement de mon nouveau lieu de vie, j’ai encore la possibilité de vous donner des nouvelles via le net, car ici aucun réseau téléphonique mobile ne capte (bizarre non ;-). 
J’ai décidé il y a deux semaines de partir au plein milieu du désert australien, là où se trouve la Cattle-Station Mt Swan (ferme bovine en terme australien). Alice Springs avait été en quelque sorte un premier pas vers le « Centre Rouge », mais à la ferme de Mt Swan, il n'y a vraiment rien autour, juste d’immenses enclos de vaches, du sable rouge, des bosquets arides, des amonts rocheux et un petit groupe d’invincibles humains : la famille Chalmers installée ici depuis 5 générations. 
  
 
Après avoir contacté plusieurs fermes autour d’Alice Springs, mais en vain, je contacte Sonya C., dont l’accueil téléphonique me paraît dès le début enthousiaste et amical : « Oui, on va vous trouver du travail à la ferme; je vérifie avec Emma qui fait aussi partie de la famille et je vous rappelle ». Après quelques heures d’attente, Sonya me recontacte « No problemo, je viens vous chercher dans deux jours à Alice Springs ». Tout ça m’avait paru trop rapide pour ne pas être louche... Après l’expérience que j’avais eue dans une ferme située à quelques kms de Darwin, travaillant avec un fermier pas très respectueux et plutôt porté sur la bouteille, avec lequel je n'avais pas pu rentrer en réelle communication, je restais sur mes gardes. Mais là, je réalisais assez rapidement que j’étais entre de bonnes mains,  surtout lorsque j’aperçois le 4X4 blanc immaculé qui vient me récupérer et au volant Sonya, ses Santiags aux pieds, une jupe en jean, des lunettes de soleil rétro, bref un look à rendre jalouse n’importe quelle Calamity Jane qui sommeille en nous.
Après des au revoir émouvants avec mes amis d’Alice Springs, Sonya m’accueille avec un grand “WELCOME, please have a seat, sorry we are running late, I don’t like to drive back at night time”. Elle déteste conduire de nuit m’explique t’elle. Après quelques courses, nous voilà parties pour un trajet de 285 km en direction du Nord-Est, sans oublier que la moitié du chemin comprend une route non goudronnée. Nous sommes 4 dans la voiture, côté passager son neveu, un grand gaillard de 16 ans qui nous raconte que la veille, il était au concert de Rihanna à Adélaide. Avec son art de la parole et son dynamisme, c’est comme si on était au concert et d’ailleurs on saura tout sur les ratés de la soirée « Tu imagines, elle est arrivée bourrée sur scène après deux heures de retard ». A 120 dollars la place (moins de 100 euros),  cela fait un peu cher le caprice de star, même pour un fan. 
En chemin, notre conductrice hors-pair prend sa radio, tel un Starky&Hutsh avisé. En effet, nous doublons un camion remorquant une centaine de vaches, et, par prudence, étant donnée l’étroitesse de la route et la poussière environnante, Sonya fait part de sa présence sur la route. 
   

En chemin, une infinité de paysages arides défilent sous nos yeux jusqu’à atteindre à l’horizon les montagnes du East Mc Donnel Ranges que j’avais visitées il y a quelques mois. Après trois heures de trajets, nous voilà enfin arrivés. Je découvre ma chambre dans un préfabriqué attenant à un grand salon que je partage avec plusieurs jeunes qui vivront cette expérience de Woofing. Mes amis d’Alice Springs me manquent déjà mais il faut que j’avance, sans oublier qu’il me manque toujours mes 36 derniers jours de ferme qui me permettront de valider mon 2ème visa en Australie après mon retour en France.     
   


  
En ce qui concerne mon travail ici, pas de rodéo pour moi, ni de traite des vaches. Les vaches sont en autonomie dans les « pâturages ».
Ici je travaille avec Laurène (UK), Myriam (Allemagne) et Rachel (Nouvelles-Zélande) qui s’occupe également des enfants de la ferme. A tour de rôle, nous gérons la boutique, la seule des environs  (une autre appartenant à la famille est située à 50 kms). C’est un endroit  primordial pour les locaux : la communauté aborigène la plus proche traverse quelques 40 kms plusieurs fois par semaine pour se réapprovisionner en nourriture. Emma, la responsable du magasin, est toujours bienveillante avec la clientèle aborigène, se préoccupe de savoir s'ils ont assez d’argent, s’occupe de leurs courriers, les conseille pour s’occuper de leurs bébés et pour se nourrir. Cela fait plaisir de voir cette communauté aborigène vivre sainement, en harmonie avec leur entourage, contrairement à ceux rencontrés à Alice Springs, rongés par l’alcool, les drogues et pourchassés sans cesse par la police. Grâce à Patrick et Billy, les deux employés locaux de la famille Chalmers, j’apprends quelques termes du langage de la tribu Est Aranda. Bonjour se dit « Wooda » ou « Marra » (en roulant les r à l’espagnole), « Alidnetchen » signifie « je m’appelle » et Ounda Ounda Marra pour « Comment vas-tu?». Le terme « Marra » est utilisé dans diverses significations et veut également dire bien-bon-agréable.* NDLR Transcription phonétique.
Le magasin de Mt Swan, remplit ses stocks par réapprovisionnement direct dans les grandes surfaces d’Alice Springs (la famille effectue au moins une fois le trajet par semaine) ou en livraisons (essentiellement pour les produits frais et surgelés). Concernant le courrier, c’est assez folklorique puisqu’un avion vient livrer les lettres tous les vendredis sur le petit aérodrome situé dans la propriété. Pour les ordures, on ne s’embête pas, puisqu’ici tout est brulé dans de grands containers métalliques. Par contre, on recycle tout ce qui est bouteilles de verre et canettes (consignées 10 cts dans le territoire du Nord). Etant donné l’isolement de la ferme, on aurait du mal à imaginer les éboueurs faire 300 kms pour venir chercher les déchets, ça va de soi. Bref, Mt Swan a encore tant de choses à me dévoiler que je vous raconterais par la suite. A vous les studios !
   


1 commentaire:

  1. perdue au milieu de nul part et pourtant cette ferme est d'une grande utilité d'après ce que tu en dis
    profite bien de cette famille accueillante et de l'esprit qui règne dans ce coin isolé
    j'espère que tu pourras effectuer tes jours manquants vu que tu annonces ton retour
    gros bisous

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